Grâce aux valeurs qu’il véhicule – participation, respect, tolérance – il entraîne dans son sillage éducation, santé, égalité des sexes et emploi. Le sport s’affirme de plus en plus comme un outil transversal précieux pour faire face aux grands enjeux d’éducation et de cohésion sociale dans les pays en développement.

Beaucoup plus qu'un luxe ou un divertissement. Le sport - sous forme de jeu, d’activité physique ou de compétition - joue un rôle important dans toutes les sociétés. Il est crucial pour l’équilibre des plus jeunes. Il constitue un cadre idéal pour acquérir santé et confiance en soi ; il enseigne la tolérance, la participation, la coopération et le respect, celui des autres et des règles établies. Mais aussi la valeur de l'effort et la manière de gérer la victoire ou la défaite. Autant de principes structurants pour le lien social.

« On ne découvre évidemment pas aujourd’hui le rôle social du sport, explique Jérémie Pellet, directeur général délégué de l’Agence française de développement (AFD, l’institution chargée de la mise en œuvre de la politique de développement française). Pour Coubertin déjà, ce n’était pas une fin mais un moyen… On se rend toutefois compte qu’une utilisation innovante du sport favorise l’inclusion sociale et la résolution de problèmes sociaux ou éducatifs. Le potentiel reste considérable dans de nombreux pays ! Alors on essaie de pousser dans ce sens.»

Construction de terrains ou de piscines dans les quartiers les moins favorisés, soutien de centres de formation mais aussi projets pédagogiques auprès des enfants... Les pistes de travail sont nombreuses pour les acteurs du développement. « Avec l’outil du sport, précise David Blough, de l’ONG Play International, il est possible d’agir dans des contextes de post-urgence comme dans des situations de développement social plus classique. Le sport est une porte d’entrée pour aborder des questions de manière différente : c’est un vecteur d’engagement des populations que l’on souhaite accompagner. »
 

Sport, brésil, Cardoso
Sport, Burundi, Play international
Pour les enfants du Burundi, l’école passe par le sport
Difficile de considérer l’école comme un acquis pour une ou un jeune Burundais. Près de la moitié de la population du pays a moins de 15 ans, l’école y est gratuite mais les discriminations sont nombreuses et entraînent nombre d’abandons et d’échecs scolaires. Le pays souffre encore du poids de douze années de guerre civile (1993-2005).

Dans ce contexte, l’ONG Play International propose depuis 2016 avec l’aide de l’AFD un programme d’accès et de maintien des enfants à l’école grâce à une méthode originale : la Playdagogie. C’est une méthode participative utilisant le jeu sportif pour sensibiliser les enfants à l’importance de l’école mais aussi déconstruire les stéréotypes sur la pauvreté, le genre ou le handicap. « Pour moi, explique Wakati, l’un des animateurs du programme, la Playdagogie, c’est réunir les enfants autour d’un jeu pour les sensibiliser à la scolarisation et à la cohabitation pacifique. »

Au Burundi, cette méthode a déjà fait ses preuves dans plus de 30 écoles et centres pour jeunes et touché plus de 10 000 enfants. L’ONG est aussi active à Haïti, en Inde, au Kosovo et bientôt à Mayotte, avec également le soutien financier de l’AFD.
Sport, NBA, AFD, conférence
L’AFD ET LA NBA SUR LE MÊME TERRAIN
Quand le lien social fait défaut, c’est peu dire que les sports collectifs ont un rôle à jouer. Pour l’amplifier, un partenariat entre l’AFD et la National Basketball Association (NBA) va être signé ce mercredi 4 juillet à Lagos, au Nigeria. Forte de son succès planétaire, la NBA a créé un lien privilégié avec l’Afrique, d’où sont originaires de nombreux joueurs de la ligue. De son côté, le groupe AFD propose des outils financiers, prêts et subventions, et s’appuie sur une longue expérience en montage et accompagnement de projets à forts impacts socio-économiques sur le continent.

Au programme ? Construction d’infrastructures sportives et mise en œuvre de programmes éducatifs touchant santé, citoyenneté, égalité des genres ou entreprenariat au Maroc, en Afrique du Sud, en Côte d’Ivoire, au Sénégal, au Nigéria… Pour commencer.

Les deux institutions prévoient également d’accompagner les anciens basketteurs de la NBA, très nombreux à créer leurs propres centres de formation dans leurs pays d’origine. L’enjeu ? Faire en sorte que ces structures fassent boule de neige et s’inscrivent dans la durée au bénéfice de tous.
Sport, NBA, AFD, Turiaf
RONNY TURIAF : « ILS PEUVENT Y ARRIVER AUSSI ! »
Au cours d’une rencontre organisée à l’AFD en juillet 2017, le champion français et ex-pensionnaire de la NBA, Ronny Turiaf, révélait tout ce que le sport avait fait pour lui : « Je n’avais pas forcément d’endroit où dormir, j’ai commencé le basket bien trop tard par rapport aux standards habituels pour faire carrière, et j’étais tout maigre... Quand je raconte ça à des jeunes en Côte d’Ivoire, en Afrique du Sud ou au Congo, ils comprennent qu’on est pareils, et qu’ils peuvent y arriver aussi. Il suffit d’avoir une personne qui vous dit que tout est possible. Le sport encourage cette relation et cette transmission ! C’est aussi apprendre aux jeunes des valeurs solides, sur et en dehors du terrain. »

En matière de valeurs, l’ancienne basketteuse Emmeline Ndongue, championne d’Europe avec la France et désormais ambassadrice de l’éducation pour Paris 2024, sait ce que le sport apporte : « Il m’a appris l’amitié, les émotions fortes, le respect des règles, le fait de repousser mes limites. Mais aussi la volonté de travailler dur pour s’en sortir. »
Booster un secteur économique en pleine émergence
Sport, légende
Dans le parc Al-Choura réhabilité à Amman, Jordanie © Zaid Ali Taher Assaf / AFD


L’économie du sport représente près de 2 % du produit intérieur brut (PIB) mondial et ne cesse de croître. Pour de nombreux pays, c’est donc une vraie opportunité en termes de développement local et d’emplois. Afin d'aider à concrétiser ces opportunités, la France a lancé une plateforme de transformation par le sport lors de la réception à l’Élysée du président du Liberia et ex-footballeur George Weah, en février 2018. Les objectifs : plus de partenariats internationaux et une aide aux initiatives locales en faveur du sport de proximité et de la cohésion sociale. 

C’est une petite révolution culturelle : le sport entre par la grande porte et s’affiche désormais comme un marqueur de la politique extérieure française. « Le but est de renforcer les liens entre le monde sportif, les entreprises, les acteurs du développement et les institutions pour faire émerger plus de projets de développement » explique Jérémie Pellet, de l’AFD. Au cœur de ce nouveau dispositif, le groupe AFD va jouer son rôle de catalyseur et facilitateur. Il s’agit de s’appuyer sur le sport pour atteindre les Objectifs de développement durable (ODD), tout en encourageant des filières économiques locales mobilisant le secteur privé. L’organisation des Jeux Olympiques 2024 à Paris, dont le thème central est celui des « Jeux durables », vient évidemment renforcer cette dynamique.