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forage, géothermie, Djibouti, énergie
Et si l’avenir énergétique de Djibouti se trouvait dans son sous-sol ? Pour réduire sa dépendance en électricité auprès de son voisin éthiopien, le pays mise sur ses riches ressources géothermiques. Il vient ainsi de lancer d’importants essais de forage dans la zone du rift Assal, cofinancés par l’AFD.

Djibouti veut passer au vert. Fortement dépendant de l’Éthiopie qui fournit 80 % de ses besoins en électricité, le pays veut sécuriser ses ressources énergétiques. D’autant que le surplus exporté par l’Éthiopie diminue régulièrement, en raison notamment des autres accords de fourniture d’électricité conclus par le pays. Une électricité qui coûte cher à la population djiboutienne et dont l'accès n'est pas toujours fiable (délestages fréquents), freinant ainsi l’essor des secteurs industriel et privé. 

Objectif 2020 : une énergie entièrement propre

L’objectif ambitieux de cette république de la Corne de l’Afrique : produire plus et mieux. Djibouti s’est ainsi engagé à produire une énergie 100 % renouvelable d’ici 2020. Et pour atteindre ce but, outre l’éolien et le solaire, ce sont les richesses du sous-sol djiboutien qui sont privilégiées. Situé au point de rencontre de trois grands rifts – mer Rouge, golfe d’Aden et rift Est-Africain – à l’extrémité des plaques tectoniques, Djibouti est une zone volcanique où cheminées, fumerolles et sources d’eau chaude sont légion. Cette énergie stockée sous terre, notamment aux alentours des lacs Abbe et Assal, constitue un potentiel renouvelable encore insuffisamment exploité. 

L’État djiboutien, après plus de vingt ans de tentatives sans véritables résultats, est plus que jamais déterminé à entrer concrètement dans l’ère de la géothermie. Soutenu par la communauté internationale, le pays investit et lance de nouvelles campagnes de prospection et de forage.

Exploiter la chaleur du sous-sol

Parmi celles-ci, un projet prometteur mais techniquement difficile : l'exploration menée dans la caldera de Fialé, dans la région du lac Assal, au centre du pays. Les opérations de forage ont été lancées le 11 juillet 2018. Grâce à la mise en place de trois forages directionnels de 2 500 m de profondeur dans un réservoir de roches volcaniques fissurées où la température de l’eau est estimée à 300 °C, ces essais vont permettre d’évaluer la capacité géothermique du site. Et ainsi de déterminer la viabilité commerciale de ces ressources, dans le but d’installer la première centrale géothermique d’ici à 2020. 

Dirigé par Électricité de Djibouti (EDD), le projet est cofinancé par l’AFD, la Banque mondiale, la Banque africaine de développement et de nombreux autres partenaires (OFID, GEF, ESMAP et gouvernement de Djibouti). À l’issue de l’exploration, l'étude de faisabilité basée sur les tests de forages ainsi que le dossier d’appel d’offres pour les producteurs (IPP, Independant Power Producer) devraient permettre à la République de Djibouti de lancer la construction de la centrale. D’une puissance de 50 à 100 MW et totalement écologique, elle contribuerait à réduire le coût de l’électricité (coût inférieur aux unités thermiques alternatives, au soleil et à l’éolien) et à assurer une meilleure fiabilité du service. Un projet qui marque le retour de l’AFD dans le secteur de l’énergie à Djibouti. Avec, à la clé, un meilleur accès des habitants à l’électricité et un atout unique pour booster le développement économique du pays.