En Côte d’Ivoire, les filles poussent les portes de l’école

Côte d'Ivoire, Education, Lataha, Guébo
Côte d'Ivoire
En Côte d’Ivoire,
les filles poussent les portes
de l'école
20 000
nouvelles places créées dans 116 écoles primaires
10 000
enseignants formés
100
millions d'euros consacrés à l'éducation de base
En Côte d’Ivoire, les enfants issus du monde rural rencontrent d’importantes difficultés pour accéder au collège et aux classes supérieures. Les filles sont particulièrement concernées. Pour réduire ces inégalités, l’AFD soutient un vaste programme en faveur de l’éducation pour tous.

Peu d’inégalités sont aussi flagrantes que celles touchant l’éducation des filles. Ainsi, en Côte d’Ivoire, seulement 2 % des filles issues de familles pauvres en milieu rural peuvent espérer achever le secondaire, contre 49 % des garçons urbains riches. 

Le gouvernement ivoirien a fait de l’éducation-formation un axe prioritaire, à travers une réforme des collèges. Cette réforme est accompagnée d’un programme de construction d’un grand nombre de petits collèges en milieu rural pour rapprocher les populations les plus exclues des services éducatifs et réduire les inégalités entre urbains et ruraux.

L’AFD vient en appui de ces projets à grande échelle à travers le programme DÉFI-Jeunes, mis en œuvre depuis 2013. Ce financement permet d’accompagner l’État via la construction de 240 collèges, l’équipement des classes, la formation des personnels enseignants et l’amélioration de la qualité de l’enseignement.

Il doit surtout faciliter l’accès des populations rurales à l’école, en priorité des filles. Dans la région de Korhogo, à plus de 500 kilomètres au nord d’Abidjan, plusieurs petites communes bénéficient de ce projet. C’est le cas du collège de Lataha et de l’école primaire de Lofinekaha...

Côte d'Ivoire, Education, Lataha, Guébo
 Côte d'Ivoire, Education, Rachelle, Guébo
Rachelle ne se sacrifie plus pour apprendre
« Plus tard je veux devenir présidente de la République. » La jeune Rachelle Yéo ne manque pas d’ambition, et veut s’en donner les moyens : « C’est pour cela que je travaille très fort à l’école. » Si cette élève en classe de 4e peut rêver, c’est bien parce que ses conditions d’accessibilité à l’école ont changé.

« Avant, je devais me réveiller à 4 heures du matin et parcourir 6 kilomètres à pied pour rejoindre le collège de la ville, à Korhogo. J’arrivais toujours fatiguée à l’école et ça se ressentait sur mes résultats », se rappelle la jeune fille. Il y a deux ans, le collège flambant neuf de Lataha, à une dizaine de kilomètres Korhogo, a été achevé et livré. Il n’est plus qu’à quelques minutes de marche de sa maison. « Maintenant, je me réveille à 6 heures, je marche dix minutes et j’arrive à l’école. Je suis moins fatiguée et plus disposée à apprendre. »
Côte d'Ivoire, Education, Sabro, Guébo
Lathé Soro, serein pour l'avenir de ses élèves
Les élèves du collège de Lataha proviennent de villages environnants, situés de 3 à 15 kilomètres de Korhogo, la capitale de la région. En plus de réduire les distances, la construction de l’établissement a levé les inquiétudes des parents. « Ils sont plus sereins, surtout pour leurs filles. La ville a la réputation d’être dangereuse pour elles : grossesses scolaires, mauvaises compagnies, etc. », souligne Lathe Sabro (notre photo), principal du collège de Lataha.

Ce dernier a recueilli une jeune fille qui est tombé enceinte en classe de 5e à l’âge de 13 ans. Elle habite Lataha mais devait se rendre chaque jour au collège à Korhogo. « Après son accouchement, nous l’avons encouragée à ne pas abandonner les études et à reprendre sa classe de 5e », témoigne le responsable du collège. Katchiéné Soro, 15 ans aujourd’hui, est désormais en classe de 4e à Lataha. Ses récents résultats scolaires la classent 8e sur 43 élèves. « Être à l’école va me garantir un travail plus tard et m’éviter de tendre la main aux hommes », souligne-t-elle. Son rêve : devenir professeur d’anglais.
Côte d'Ivoire, Education, Lofinekaha, Guébo
Fatogama ou l’éducation pour tou-te-s
À Lofinekaha, les populations amènent désormais leurs filles en classe. À l’école primaire publique du village (notre photo), « il y a en tout 135 filles et 113 garçons. C’est très encourageant », se réjouit Fatogoma Ouattara, le directeur de l’école. « Ici, les parents ont adhéré à l’idée qu’une fille doit être à l’école et non à la maison ou donnée en mariage, comme ils le pensaient par le passé, ajoute Fatogoma. C’est un plus dans l’éducation de nos enfants surtout pour nos filles. "

« Nous sommes heureux d’avoir un endroit où nos enfants apprennent à lire et à écrire », affirme Siriki Silué. Il est père de trois enfants dont deux filles ; l’une est au CE2, l’autre à la maternelle. Car à Lofinekaha, une classe de préscolaire est même ouverte. « Sur un total de 20 élèves, il y a 12 filles », explique le parent d’élèves, avec l’espoir que ce ratio devienne la norme dans tout le pays.