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formation professionnelle, jeunes, hôtellerie, Jordanie
Les conflits en Syrie continuent de peser sur la Jordanie, qui doit répondre au défi posé par le chômage de sa jeunesse et des nombreux réfugiés syriens. Pour y remédier, le pays mise sur des formations courtes et qualifiantes avec le soutien de l’AFD dans le cadre de l’initiative SAWA.

Les guerres en Syrie affectent encore considérablement le voisin jordanien où près de 1 million de Syriens ont aujourd’hui trouvé refuge. Au fil des années, le chômage des jeunes y est peu à peu devenu la préoccupation principale. Avec un taux de chômage de 36 % chez les 15-24 ans en 2017, alors que la moitié de la population a moins de 20 ans, le pays est au pied du mur : il doit œuvrer en faveur de l’emploi des jeunes.

La jeunesse jordanienne éprouve beaucoup de frustration, surtout lorsqu’elle est diplômée, puisque les postes actuellement disponibles impliquent souvent de débuter au bas de l’échelle, à des niveaux peu qualifiés. Les réfugiés syriens, eux, doivent composer avec les restrictions qui s’appliquent à leur permis de travail (seuls quelques secteurs et métiers leur sont autorisés), quand ils en ont un… 

Une initiative d’envergure

Et si la solution se trouvait du côté de la formation professionnelle et de l’entreprenariat ? C’est en tout cas le pari de l’AFD qui soutient trois projets à travers l’initiative SAWA pour le Moyen-Orient. C’est la première fois que la Jordanie bénéficie de cette initiative régionale destinée à répondre aux besoins essentiels des populations vulnérables. 

Les accords ont été signés le 27 mars 2018 et s’élèvent à un total de 8 millions d’euros, en dons. Objectif : concilier compétences et postes à pourvoir et faire durablement rimer jeunesse et emploi, que l’on soit jordanien ou syrien.

Ces projets vont renforcer l’employabilité des jeunes jordaniens et réfugiés, en améliorant les dispositifs de formation professionnelle et en les adaptant aux besoins des entreprises.

David Bertolotti, ambassadeur de France en Jordanie

Ces projets aux noms évocateurs – Amal (espoir en arabe), Tanmyeh (développement) et Taghyyr (changement) – ont un même but : accélérer l’insertion des jeunes sur le marché du travail grâce à des formations courtes et adaptées. 

Casser les préjugés

Principaux secteurs visés : l’hôtellerie et l’industrie, qui représentent à elles seules 18 % du PIB national. L’initiative n’oublie pas les femmes : elles devront constituer la moitié des effectifs de ces formations.

Mais au-delà de la portée économique du programme, une autre ambition se dessine : redorer l’image de la formation technique et professionnelle auprès des jeunes, aujourd’hui peu valorisée, voire dénigrée. En la présentant comme une solution au chômage et à la précarité des plus vulnérables, l’initiative SAWA pour le Moyen-Orient entend provoquer un changement d’attitude et de perception chez les populations les plus concernées par le chômage.

Pour la mise en œuvre du programme, priorité est donnée au partenariat avec des acteurs locaux : Jordan Education For Employment (JEFE) pour Amal, Business Development Center (BDC) et les chambres d’industrie d’Amman, d’Irbid et de Zarqa pour Tanmyeh, Luminus Foundation (en partenariat avec l’AFPA) pour Taghyyr. Autant d’organismes adaptant leurs approches aux spécificités des bassins d’emploi des régions ciblées. Les formations seront ainsi dispensées à proximité des lieux d’habitation des apprenants, voire assorties d’un coup de pouce financier pour le déjeuner et les déplacements. 

Outre les compétences techniques, les formations mettront l’accent sur le « savoir être » (ponctualité, communication en milieu professionnel, etc.) et sur l’entreprenariat, pour encourager la création de start-up. Au total, les trois projets du programme formeront 4 550 jeunes. Pour éviter les décrochages, le dispositif a même prévu un suivi personnalisé dans l’emploi. Derrière ces initiatives, un espoir ressurgit : faire émerger une génération d’entrepreneurs et de créateurs d’emplois qui contribueront au développement du pays.