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agriculture, microfinance, Haïti
L’AFD a signé le 29 novembre 2018 une convention de partenariat avec une institution de microfinance haïtienne. Il s'agit de développer une offre de crédits d’investissement pour les agriculteurs, à des conditions beaucoup moins prohibitives qu’aujourd’hui. Jusqu’ici, personne ne prenait ce risque.

Haïti est l’un des pays les plus touchés par les catastrophes naturelles. Rien que sur les vingt dernières années, l’île a été frappée par plus de 70 ouragans, inondations ou sécheresses, auxquels il faut ajouter les tremblements de terre.

« Les risques de destruction de récoltes, donc de non recouvrement des emprunts, sont si importants que les institutions de microfinance n’accordent pas aux agriculteurs de crédits supérieurs à un an, explique Yannick Saint-Paul, chargé de projets à l’agence AFD de Port-au-Prince. Elles acceptent d’octroyer des prêts de campagne, pour payer les intrants nécessaires à la production annuelle. Mais pour des engagements à plus long terme, elles appliquent des taux très élevés. Cela dissuade les exploitants d’investir dans la rénovation de leurs systèmes d’irrigation, la construction d’infrastructures, l’achat de matériels ou la transition vers des modes d’exploitation moins vulnérables (agroforesterie, etc.). » 

Seule une banque de développement peut prendre le risque de prêter de l’argent à taux faible à un tel public. C’est pourquoi l’AFD vient de signer une convention de financement avec la Fédération nationale des caisses populaires d’Haïti (FECAPH) - Le Levier, un réseau d’une trentaine de coopératives d’épargne et de crédit. Ce contrat prévoit la mise à disposition d’une ligne de crédit de 2 millions d’euros pendant quatre ans à la Fédération, à condition que ses membres utilisent l’argent uniquement pour le financement d’investissements agricoles, avec des prêts de plus d’un an et des taux plus abordables qu’aujourd’hui.

« Nous demandons aux caisses de nous remonter les dossiers susceptibles d'être éligibles pour ce type de prêts, poursuit Yannick Saint-Paul. Nous ne ciblons pas un type de projets précis, mais il faut que ce soit dans une optique de développement. Cela pourrait par exemple répondre au besoin d’une coopérative de construire un local de stockage pour ses fruits. »

Crédit et assistance technique 

Comme il s’agit du premier prêt que contracte la FECAPH - Le Levier auprès d’un bailleur, la convention prévoit en plus une subvention de 500 000 euros sous forme d’assistance technique à maîtrise d’ouvrage. Objectif : renforcer sa capacité à gérer de façon rigoureuse une telle de ligne de crédit, disséminée dans toutes les caisses du réseau.

« L’originalité du projet, c’est que les modalités de cette assistance ont été définies en amont, avant la signature de la convention de partenariat. Et ce, de façon participative, souligne Yannick Saint-Paul. Nous avons organisé un atelier de travail avec la FECAPH - Le Levier en août dernier, pour échanger sur les besoins d’assistance qui pourront être couverts par cette enveloppe de 500 000 euros. Nous allons notamment accompagner les caisses dans la gestion efficace de leurs portefeuilles d’investissements agricoles : suivi des bénéficiaires et du recouvrement, rapportage à la Fédération, etc. »

Une telle démarche d’anticipation n’est pas courante avant la mise en place d’un projet de microfinance. Pourtant, cela a permis de réduire le délai de lancement des activités, en favorisant l’appropriation du projet par la maîtrise d’ouvrage et ses caisses, donc l’implication de tous les partenaires.


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