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madagascar - travail - formation - industrie
Déficit de compétence dans de nombreux secteurs, arrivée massive de jeunes sur le marché du travail... Sur la Grande Île, les défis à relever sont nombreux. Présidente du Groupement des entreprises de Madagascar, le syndicat du patronat, Noro Andriamamonjiarison est persuadée que seul un effort supplémentaire en matière de formation permettra de les relever. C'est pourquoi, avec le soutien de l'AFD, elle a contribué à la mise en place du premier fonds dédié à la formation professionnelle de Madagascar. Elle revient sur les conditions de sa mise en place.
madagascart formation professionnelleComment est née l’idée du fonds pour la formation professionnelle à Madagascar ?

Noro Andriamamonjiarison : D’abord, je suis personnellement convaincue que si l’on veut développer notre pays, la formation et l’éducation sont essentielles. Je suis moi-même un pur produit de l’éducation nationale malgache. En tant que responsable d’une organisation patronale, il ne m’appartient pas d’agir sur l’éducation de base, c’est la prérogative du gouvernement !

L’idée de ce fonds est aussi née du constat que beaucoup d’employeurs malgaches ont pu faire : sur le terrain, nous avons vraiment beaucoup de mal à trouver des employés dotés des compétences adéquates. D’où la nécessité de mettre l’accent sur la formation professionnelle des jeunes à Madagascar, d’autant plus qu’ils vont être de plus en plus nombreux à entrer sur le marché du travail dans les prochaines années. Il y a plusieurs secteurs qui ont de gros besoins en formation. Notre objectif est de commencer par les secteurs prioritaires tels que le textile, le BTP, le travail en call center, de se concentrer sur les petits métiers de base (maçons, carreleurs, couvreurs…) ensuite passer à des compétences plus transversales, comme la maintenance industrielle, les compétences commerciales…

Il y a déjà eu plusieurs tentatives pour mettre en place le fonds dans le passé, qui ont toutes échoué. Il y a trois ans, nous avons rencontré le ministre et nous avons décidé d’inclure la création d’un fonds de formation professionnelle à la politique nationale de l’emploi et de la formation professionnelle.

Comment êtes-vous parvenue à mettre d’accord tout le monde pour que ce fonds voie le jour ?

Négocier une nouvelle taxe avec les entreprises, c’est un combat qui prend plusieurs années. Surtout lorsqu’il s’agit d’une cotisation qui représente 1 % des charges salariales des employeurs ! Nous nous sommes battus avec les partenaires sociaux pendant trois ans auprès des entreprises, surtout les grandes. Il a fallu y aller au forceps, leur faire comprendre que vu le déficit de formation professionnelle à Madagascar, il fallait que tout le monde fasse des efforts. Je dirais que la plus grosse difficulté a été de convaincre les grandes entreprises qui, elles, avaient déjà investi dans des centres de formation en interne. Il est d'ailleurs prévu de leur rembourser ces formations faites en interne. Ensuite, il y a eu toute une phase de démarches administratives, avec parfois des retours en arrière, du fait du manque de coordination entre les différentes directions. Cette phase a également été assez longue.

Pourquoi avoir souhaité confier la gestion du fonds au secteur privé ?

Effectivement, nous voulions absolument que la gestion de l’organisme chargé du recueil des cotisations soit confiée au secteur privé, et non au Trésor. C’était un point non négociable pour les entreprises. Nous avons également réalisé un benchmark des fonds similaires développés un peu partout dans le monde, et en Afrique en particulier. Celui-ci montre bien qu’une gestion privée est garante d’une plus grande transparence dans l’attribution des fonds récoltés auprès des entreprises.

Autre point important : les cotisations récoltées auprès des entreprises ne financeront que la formation pour l’économie formelle. C’est tout à fait logique, car les employeurs ne souhaitent pas financer des entreprises qui ne paient pas d’impôts. Mais comme l’économie informelle est également une source considérable d’emplois dans notre pays, plusieurs bailleurs internationaux, dont l’AFD, vont contribuer au financement de la formation professionnelle à Madagascar dans l’économie informelle. La gestion de ces fonds sera confiée au même organisme, à travers un guichet dédié. Les premières cotisations des entreprises malgaches ont été versées dès avril.