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projet eau & assainissement N'Djamena, PEAN, toilettes, Tchad
Confrontée à une urbanisation rapide, la capitale du Tchad lance un grand chantier d’extension de ses réseaux d’eau. Objectifs : de l’eau potable, des toilettes et un meilleur système de drainage des eaux de pluie pour les habitants des quartiers nord-est. Un projet ambitieux soutenu par l’AFD.

« Seuls, nous n’aurions pas pu construire ces toilettes », raconte un père de famille. Ici, dans le quartier d’Atrone situé à l’est de N’Djaména, et dans d’autres arrondissements plus au nord de la capitale tchadienne, la municipalité a commencé à financer des latrines pour 900 familles à hauteur de 90 % de leur coût. « Cela a vraiment été difficile d’économiser les 100 000 francs CFA [environ 150 euros, les 10 % restant] demandés pour la construction, mais nous ne regrettons pas les améliorations qu’elles nous apportent sur le plan sanitaire. »

Cet habitant et sa famille font partie des 300 premiers ménages à avoir bénéficié du coup de pouce financier. D’ici juin 2019, 600 autres concessions familiales et une vingtaine de lieux  publics seront équipés. L’action s’inscrit dans le cadre du « Projet eau & assainissement à N’Djaména » (PEAN) lancé par la municipalité, avec le soutien financier de l’Agence française de développement (AFD) et de l’Union européenne, pour améliorer les conditions de vie des habitants des 7e et 8e arrondissements de la ville.

Prévenir les inondations et les maladies

Du fait de son attractivité économique et de son taux de fécondité très élevé au Tchad (5,7 enfants par femme), N’Djaména a vu sa population passer en 25 ans de 531 000 habitants (en 1993) à plus de 1,2 million aujourd’hui – d’après l’Institut national de la statistique, des études économiques et démographiques (INSEED). Une pression démographique – et donc foncière – qui a peu à peu poussé les nouveaux venus et les plus précaires vers le nord-est de la ville, où des habitations ont été construites avant même que ces territoires soient raccordés au réseau d’eau potable et d’assainissement.


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Faute d’infrastructures de drainage des eaux pluviales, ces zones sont par ailleurs régulièrement inondées pendant la saison des pluies. Les eaux usées et les déchets emportés et mélangées par les crues véhiculent des maladies, tandis que les dégâts matériels affectent l’habitat et l’activité économique.

« Le projet PEAN veut donner à ces quartiers un accès à des services de base comme l’eau potable et l’assainissement, tout en limitant les risques liés aux inondations », explique Vianney Mautouchet, chargé de projet urbain à l’agence AFD de N’Djamena. 

Le projet en vidéo, vu par l'ambassade de France au Tchad :

 

 

Lever un frein à l’éducation des filles

25,5 millions d’euros ont été mobilisés pour ce programme : 18 millions issus de l’Union européenne, dans le cadre d’une délégation de financement, et 7,5 millions provenant directement de l’AFD.

Le projet se décline en trois volets. Il vise d’abord à prolonger le réseau d’eau potable sur 20 km et à construire 25 bornes fontaines dans ces quartiers entre avril et décembre 2019. Il permettra aussi de construire deux canaux de drainage et deux bassins de rétention des eaux de pluies. Lancés le 13 novembre, ces travaux doivent durer deux ans.

« Cette somme va aussi servir à créer deux centres de collecte des déchets pour limiter la quantité d’ordures dans les rues, susceptibles d’être emportées par la pluie et de boucher les canaux, détaille Vianney Mautouchet. L’AFD a par ailleurs indemnisé les 250 ménages ayant construit leur logement sur l’emprise des futurs bassins de rétention, et qui devront déménager. »

Enfin, le projet permettra de construire des toilettes dans 900 concessions familiales et une vingtaine de lieux publics, parmi lesquels 16 écoles. « Cela va non seulement contribuer à améliorer les conditions sanitaires dans ces quartiers, mais aussi lever un frein à l’éducation des filles, indique Vianney Mautouchet. Elles sont en effet nombreuses à arrêter leur scolarité à cause des toilettes à l’air libre ou en très mauvais état présentes dans les établissements scolaires. Les toilettes fermées contribueront à les maintenir à l’école. »
 


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