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Le cas de la Côte d’Ivoire présente une historicité de longue durée du processus de différenciation sociale voire d’émergence de catégories « moyennes ». Dans ce papier, à partir de l’analyse de la distribution des revenus des ménages ivoiriens en 2015, la classe intermédiaire de revenu est isolée sur la base d’un intervalle mixte combinant une borne inférieure absolue, fixée à 4 dollars par jour et par tête, et une borne supérieure relative, fixée au 95e percentile de la distribution. Ainsi calibrée, la classe moyenne monétaire ivoirienne, « les gens du milieu », représente finalement une masse relativement limitée de 26,4 % de la population. 48,1 % des chefs de ménage de cette catégorie est sans éducation et, si elle est majoritairement urbaine (à près de 60 %), seul 16 % de cette classe moyenne est abidjanaise. Un fort dualisme de cette classe moyenne se dégage avec, d’un côté, en minorité (21 %), une strate haute et stabilisée constituée plutôt d’héritiers des groupes intermédiaires des années 1960-1970 et, de l’autre, une strate basse majoritaire (79 %) composée de ménages en situation de petite prospérité et de grande vulnérabilité et composés d’indépendants informels urbains et d’agriculteurs. Enfin, les classes moyennes ivoiriennes sont très peu engagées politiquement. Elles peuvent d’autant moins s’exprimer que leur forte hétérogénéité interne et leur faible expérience de mobilisation collective réduisent fortement leur capacité de faire pression sur le politique, sauf pour des groupes qui interviennent alors plus sur la base de leur identité socio professionnelle.

pdf : 1.47 Mo
auteur(s) :
Jean-Philippe BERROU
Dominique DARBON
Anne BEKELYNCK
Christian BOUQUET
Matthieu CLEMENT
François COMBARNOUS
Éric ROUGIER
coordinateur :
issn :
2492 - 2846
pages :
100
numéro :
71
disponible aussi en : fr
1.47 Mo (pdf)
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